lundi, décembre 04, 2006



Un samedi pas comme les autres...

La plupart de mes samedis depuis quelques années se passaient à la cabane à sucre où je travaillais tous les avant-midis à toutes sortes de choses pour améliorer, arranger, nettoyer, placer, couper ou gosser. Aujourd'hui, pour moi c'est un samedi pas ordinaire.

Lever à six heures, partir prendre une douche dans la marina, revenir et prendre un jus d'orange, dire bonjour à mes frères et soeurs, jaser tranquilement sous la toile du pont, regarder besogner ceux qui font le petit-déjeuner, jaser, blaguer et même bailler, m'asseoir tranquilement avec un café à la main, recevoir des toasts dorées avec mon sirop d'érable, jaser, prendre le temps de prendre le temps. Même Danielle, qui se fait dire de ne pas aller faire la vaisselle. Je crois que le plus dur sur le bateau c'est de se faire dire par quelqu'un d'autre, ne fais pas ça ! On voudrait tous être en mode de repos, de paix, de tranquilité mais.....il y a toujours quelque chose à faire et pas toujours au goût des autres.

Ça y est, le programme est fait. On déjeune, on fait la vaisselle, on descend le dinghie, on va faire le lavage (les filles) des gros morceaux, Jacques et Jean vont au magasin de voile acheter une corde flottante afin de pouvoir traîner le dinghie derrière le catamaran au lieu de le hisser. Guy, lui va aller trouver un hot spot pour le blog du jour.

Un blog c'est comme du pain frais, ceux qui te lisent veulent de la matière fraîche. Je le sais, j'ai suivi les aventures de Mikael Bélanger, un jeune représentant de Insight, un de nos fournisseurs qui allait prendre une année sabatique en Europe, avec le sac à dos et juste assez d'argent pour faire ce qu'il faut. À tous les jours j'allais voir si il avait inscrit d'autres aventures. J'avais à vingt ans, fait le même trip en Europe, sac à dos, pouce, transport en commun et auberges de jeunesse, pas de technologie à l'époque. Je n'avais que ma flûte traversière comme compagnon et je m'en suis souvent servi comme carte de visite, c'était il y a longtemps et bien d'autres souvenirs.

Revenons-en au programme. Rien n'était ouvert, changement de programme, on lave le pont et tout le grément. Après, on va dîner, je téléchargerai mon blog et tous les autres iront faire l'épicerie. Il faut dire que depuis hier, le jeu de Nicole est de nous dire qu'il reste 12 heures avant le ballotage et qu'on doit choisir chacun, un dîner et un souper afin d'acheter ce qu'il faut pour le reste de la semaine. Je ne vous dirai pas ce qui a été choisi, je le mettrai dans le blog :-)

Le lavage du bateau, c'est une corvée, on sue à grosses gouttes, on frotte, on rit et on s'arrose. Le résultat en vaut tellement la peine, le Croceaudiles a passé près de huit mois surélevé, entouré de bateaux et surtout à proximité de vaisseaux montés et descendus sur la rampe qui était juste à côté. À notre arrivée, dimanche dernier, un tug énorme qui sert à tirer et manoeuvrer des cargos dans les ports était surélevé et le travail du jour consistait à buffer le bateau pour enlever la rouille avant de le peinturer. Inutile de vous dire que le pauvre petit catamaran d'à côté, le Croc eau d'îles a mangé une pluie de grenailles d'acier, histoire de le picoter de rouille sur un pont habituellement blanc. Après tout ce frotti-frotta, le bateau étincelle, on le ferme et on le quitte pour ce qui est maintenant le nouveau programme.

Il est deux heures trente, j'ai téléchargé le blog, bien dîné, acheté des souvenirs pour les miens, je ne peux les décrire, ils me lisent, inutile d'en dire plus, seuls quelques privilégiés auront des souvenirs. J'ai plein de frisson pas de froid mais de bonheur, je suis seul au monde, je veux dire sur le bateau, j'ai ouvert toutes les écoutilles, j'ai cueilli des fleurs pour les mettre dans un pot et j'ai mis iTunes sur la musique que Jacques avait apporté sur son PC, Cat Stevens joue Morning has broken et je mets la musique dans le tapis, je me verse un verre de rhum et je blogue, je berçais mes bébés en chantonnant cet air un peu modifié.

Que voulez-vous que la vie m'apporte de plus, j'attends sans les attendre, ma famille, je pense à ma petite famille, leur envoie plein de belles pensées et mon amour, j'imagine tous mes collègues de travail qui continuent à tenir le fort pendant que je me prélasse et je sais que malgré la chaleur d'ici, quelques-uns ont peut-être froid plus au nord. Il y a de quoi frissonner. Je me verse un autre verre de rhum (ne le dites pas à mes soeurs, elles me surveillent et je sais qu'elles ne lisent pas le blog. Je le lève vers le soleil en me disant qu'à part la terre et la mer, lui et sa lumière, nous réunissent sans même qu'on le sache. Le temps passe et c'est toujours Cat Stevens, quelle belle époque ! Ne vous en faites pas, je n'en ai pas bu tant que ça, j'imagine que c'est la nostalgie qui anime ma plume.

Je pense aussi à Centraide, je sais que l'objectif n'est pas atteint et il faudra faire face à la musique, la semaine prochaine. J'ai envoyé un courriel à Marie-José afin qu'elle fasse une affichette pour les salles des chauffeurs pour relancer les déductions à la source et la lecture du blog. Combien de livres de recettes auront été vendus ? La semaine prochaine, les réponses viendront bien assez vite.

Mes frères et soeurs reviennent avec trois chariots pleins d'épicierie. Juste en eau potable, il faut six litres par jour donc pour les six prochains jours, plus l'eau pour faire la cuisson des aliments, il en faut pas mal. Une demi-heure pour embarquer le tout et tout ranger. Sur un bateau, tout doit être à sa place. Le capitaine y veille, c'est primordial. Dès que des cossins se mettent à trainer, ça devient invivable, alors, à l'ordre tout l'équipage !

Le souper fut celui de Danielle, guacamole avec des tortillas au boeuf, ce fut un délice et surtout arrosés de deux bons chiraz-cabernet-sauvignon. Nos désserts consistent en une rasade de rhum vieilli à point (cinq ans), du English Harbour, c'est sûr que j'en ramène une bouteille au Québec, c'est comme un bon cognac.

Nous avons passé le reste de la soirée à discuter et avoir des envolées de discussions. Ce fut très agréable et surtout une bonne thérapie pour tous. Marie-France m'a dit que dormir à l'ancre dans un bateau sur la mer, c'est comme se faire bercer. On s'est couché et ce fut le début de la sérénade. On se fait bercer par les vagues, un roulis permanent brasse le bateau et c'est comme faire des montagnes russes. C'est comme se faire bercer par sa mère, en plus vieux, seule la mer est capable de le faire. Le bateau est comme une coque de noix sur une immensité d'eau. Le sommeil est comme saccadé, on s'éveille et se rendort et ceci en alternance et de façon régulière.

Le dimanche matin a surtout servi à laver les t-shirts et vêtements de corps de l'équipage. Pendant que les femmes lavaient à l'eau de mer, une première fois, il restait à rinser à l'eau douce et étendre tout le long des gardes qui ceinturent le bateau, les hommes se sont affairés à installer la grand-voile.

C'est une opération assez délicate, on ne peut se permettre d'erreur, sinon il faut reprendre ou même se blesser, il vente quand même pas mal. Il faut sortir la voile de son sac, l'étendre sur le pont et installer les travers en fibre de verre. Jacques et Jean doivent porter des gants de caoutchouc car le fibre de verre brut des travers, pénètre la peau et c'est très irritant comme de la laine minérale. Pour les insérer, il faut des clés allen de différentes grosseurs, les français aiment se compliquer la vie. Il faut dire que le catamaran est de conception française, essayez de comprendre, le nom du modèle est pourtant très anglophone : KENNEX.

Toujours est-il que pour monter la grand-voile, il faut installer au préalable le lazy jack, sorte de toile qui permet d'asseoir la voile sur le boom et par la suite, le capitaine doit mettre le bateau dans le sens du vent pour éviter les désagréments. On accroche le haut de la voile et on tire comme des malades sur le cordage pour la faire monter au haut du mat. Cette opération a dû être reprise deux fois, la drisse (câble auquel on attache la voile et la hisse avec une poulie) s'était emmêlée en haut du mât. Il faut redescendre et recommencer. Jean et moi avons décidé d'une méthode de positionnement des mains et au son des Ho Hisse de Jean, on tirerait de toutes nos forces, reprendrait le cordage et on recommencerait la manoeuvre jusqu'à ce que l'on ait fini.

Près de deux heures depuis le début, la grand-voile était installée. On décidait de lever l'ancre et se rapprocher de Saint-John. Près d'une heure de voile et on serait dans la baie Deep, ce qui ferait notre dimanche. Pour la première fois nous avons navigué uniquement à la voile. C'est une expérience inoubliable, le seul bruit est le vent dans les voiles, le flacossement de l'eau sur les quilles et en haute mer, c'est aussi fou que les maneiges de La Ronde ou du Parc Belmont.

Nous nous sommes ancrés à la baie et avons dîné. Nous avons mangé des Touski. Vous savez, vous prenez «tout ce qui» reste et vous mélangez le tout. C'était très bien. Nous avons passé l'après-midi, relaxe en faisant chacun de notre côté nos petites choses. Nous allons decendre le dinghie pour un petit tour à la plage et voir à l'hotel qui s'y trouve pour avoir de la glace. Rien, l'hôtel est désert et le restaurant est fermé. Pas de glace, on en prendra à St-John's demain.

Le souper fut des plus québécois et l'idée de Jean, du boeuf avec des légumes, un espèce de bouilli aux légumes. Évidemment au menu, une bonne bouteille de vin et nous avons aussi fini la bouteille qui a servi à la cuisson de la viande. Comme disait Jacques, pas mal pour un petit vin de 12 $EC, ce qui équivaut à environ 6$ CDN. Christine, la conjointe du capitaine, l'a appelé nous donnant des nouvelles du Québec. Du verglas vendredi et maintenant une petit couvert de neige, ici, c'est vrai que le temps est un petit peu plus frais de quelques degrés. Pour la première fois, pas de discussion après le repas. J'imagine qu'on est tous fatigué. Jacques et moi devions faire la vaisselle, Marie-France a troqué à Jacques, le lavage de la vaisselle pour qu'il mette du silicone dans la toilette de sa cabine afin qu'elle puisse prendre sa douche. Il faut dire que notre présence sur le bateau permet de faire les innombrables petites réparations qui sont à faire avant une saison.

Le téléphone sonne à nouveau, on se précipite tous dessus, qui peut bien appeler ? C'était Danny, le capitaine en saison, lui n'arrivera ici qu'en fin décembre avec Claudine l'hotesse et cuisinière qui est aussi sa conjointe. Lui et Jacques avaient beaucoup de choses à se raconter.

Je suis allé me coucher, j'étais pour la première fois, exténué, le soleil, la grand-voile, et tous les travaux de l'avant-midi m'ont eu. Il faut dire que l'on soupçonne aussi les Bonamine de nous endormir. La baie où nous sommes ancrés est protégée des vagues de la mer, le nuit ne devrait pas être aussi mouvementée que la veille. Effectivement, ce fut assez stable sauf qu'à minuit, un vent de tempête, des bourrasques et surtout une pluie qui tombait comme des clous. Il faut fermer toutes les écoutilles et tenter de se rendormir.

Le lendemain matin, lundi, les filles sont excitées, nous allons à St-John's dans l'avant-midi et c'est la seule véritable occasion où elles pourront magasiner à leur goût. Il faut vous dire que, de la baie où nous sommes ancrés, on voit les bateaux de croisière entrer et sortir du canal qui mène à la capitale de Antigua, on en a vu quatre depuis notre ancrage. Cette ville est comme bâtie à partir du port et plus précisément du quai où s'amarrent ces colosses de la mer qui déversent des milliers de touristes sur la ville.

La première chose que voient les touristes, sont les boutiques Duty free avec des bijoux de luxe, des bars endiablés avec discothèques multicolores, des boutiques de souvenirs peintes de couleurs voyantes et remplies à craquer et un casino raccoleur. Je sais toutes ces choses parce que lors de l'aventure de la table, Jacques et moi avons eu à arpenter cette zone franc-de-port, au ministère des arnaques, oups, excusez, des finances et douanes de Antigua.

Il est 8h30, actuellement pendant que je blogue, Jacques et Jean réparent les haut-parleurs du pont extérieur afin d'avoir de la musique durant nos croisières et nos repas. Je vous laisse, on doit se préparer à lever l'ancre dans quelques minutes, direction, la capitale de Antigua. J'espère trouver un hot spot, je commence à avoir pas mal de blog à télécharger. En parlant de ça à Jacques, je lui aussi dit que ce serait bien si on commençait à mettre des photos.

Jacques, qui est un homme d'action, sans plus attendre, sort sa caméra et demande à tout le monde d'amener leur appareil, on télécharge les photos sur le PC. Ça nous retarde un peu mais on a tellement eu du plaisir que ça valait la peine. Nicole tient absolument à voir avant les photos qui seront sur le blog. Je vous laisse donc, pour préparer le départ.

4 commentaires:

Élise B. a dit...

Bonjour!
Très bonne idée de mettre les photos, vous avez l'air bien!

C'est toujours une joie de suivre vos aventures, ça fait partie de nos journées comme si on était là et je t'en suis très reconnaissante Guy!

J'aime bien le rapprochement entre la mère et la mer, j'imagine que l'homophonie des mots n'est pas fortuit!

Partez la mer est belle, hissez les voiles... les chanceux!

Avez-vous fait de la musique un peu, le soir à la belle étoile?

Envoie un beau bonjour à tous de ma part, d'ici pays du froid on pense à vous et ça nous réchauffe!

Anonyme a dit...

All abord!!!!

Hissez les voiles, allez matelots tous au boulot!
Voilà l'aventure qui débute...par un visite d'une jungle un peu "urbaine".
Je suis sur qu'après cette escapade de magasinage, vous serez tous fin prêts pour les zones exotiques. (J'ai bien mis un "x" pas un "r")
L'exhaltation se sent dans la prose. Profitez de tous ces instants inoubliables.
Encore, encore des aventures....

Anonyme a dit...

Toujours très intéressant de vous lire, M.Le Directeur.

J'aurais cependant une demande, concernant les photos...la prochaine du groupe. C'est pas que les gars sont misérables, mais j'aimerais voir les dames de plus près.

Sans rancune

Merci Oup! J'ai fait une erreur, j'ai envoyé ce commentaire sur votre précédent message,c'est pourquoi vous le retrouvé 2 fois. Mais le "copier coller" à ses avantages.

Anonyme a dit...

Bonjour,

Loin de moi, l'idée de vous rappeler le travail mais j'ai une question pour le spécialiste de l'informatique que vous êtes.
J'ai mis la photo du voilier sur l'arrière plan de mon écran.L'image y est vraiment floue, la résolution actuelle est 1024x768. À combien devrais je la mettre, de plus en allant dans l'affichage pour modifier la résolution est-ce que celà affecte juste l'image en arrière-plan ou tout mon système. Comme je ne suis pas spécialiste,en bon Québécois en changeant ces paramètres est-ce que je FUCKE tout mon système.

En passant, en parlant de Québécois, c'est Stéphane Dion qui a été élu chef du PLC.
Commentaire très personnel... On est dans la M...

Ok il est 5.30h du matin, je dois aller travailler bientôt.

Bye
J'attends une réponse à mon problème mais en réalité ça peut attendre votre retour...Profitez du soleil et des vacances on s'en reparlera plus tard.